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che souriant rarement, mais avec une expression infernale. Quelquefois un mouvement involontaire laissait apercevoir le vêtement brillant, la chaîne d’or, le manche à poignée de pierreries d’un poignard ; mais aussitôt qu’il s’en apercevait, quelque fût cet homme, il ramenait autour et de lui le vaste manteau dont il était enveloppé, devenait de nouveau un être obscur comme tous ceux qui l’environnaient.

Cet individu paraissait surtout écouter avec attention un autre homme qui parlait avec feu des Polonais et des Russes. Il était évident que l’orateur était un de ces enfans de la vieille Moscovie, attaché à ses coutumes et ne voulant pas s’assujettir à la nouvelle méthode qu’on voulait introduire. Il était grand, fait comme un athlète, et ses traits portaient l’empreinte d’une âme pure et fortement trempée… Bientôt les voix s’élevèrent ; le Russe paraissait s’animer. Il comprit qu’il ne serait pas long-temps maître de lui ; il s’élança dans la rue et s’éloigna de la