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Un sourire d’orgueil éclaira sa vieille tête. Elle s’assit auprès de moi, sur mon nécessaire de voyage, et me conta à demi-voix l’histoire suivante :

« Je suis née à Sonnino, dans le temps du brigandage. Je dois avoir quelque chose comme cinquante ans ; il faudrait demander au curé. À quinze ans, j’ai épousé mon premier mari. C’était un brave garçon, bouvier de son état. De plus, il avait un peu de bien à lui. Nous avons eu ensemble un enfant qui est mort par la suite des temps. Mon mari eut je ne sais quelle discussion pour des maraudes avec le parrain de notre enfant : je ne sais plus si c’était des olives ou du grain qu’il nous avait pris, mais c’était peu de chose à coup sûr, et le mieux était de lui pardonner. Mais mon mari le dénonça au gouverneur et le fit mettre en prison pour un mois. L’autre menaça de se venger. Je croyais qu’il n’en ferait rien, attendu qu’il était notre compère et qu’il nous avait toujours montré de l’amitié. Cependant mon mari jugea bon de changer de pays, et il s’en fut garder les bœufs du côté de Rome. Mais l’autre y vint aussi l’année suivante, et, ayant trouvé mon mari qui dormait dans un champ, il le tua d’un coup de couteau.

« Pour lors, je fis la connaissance de mon deuxième mari. Il était né dans le royaume de (Naples), mais il demeurait à Terracine, et c’est là qu’il m’emmena. Nous travaillions à la terre.

« Je n’étais pas remariée depuis longtemps, lorsque ma sœur me fit demander conseil pour épouser celui qui avait tué mon premier mari. Il lui faisait la cour, et elle le trouvait à son goût. Je lui répondis de faire ce qui lui plai-