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combinaisons, telles que le premier extrait, l’ambe et le terne déterminés. Qu’il vous suffise de savoir ceci : un homme qui saurait deviner d’avance trois des cinq numéros qui sortiront samedi prochain, pourrait acheter cent mille francs pour un louis. C’est, si je ne me trompe, le maximum des gains possible. La banque ne joue pas gros jeu ; le quaterne et le quine n’en sont pas.

Ceci posé, tous mes Romains se mettent l’esprit à la torture pour prévoir les numéros qui sortiront. Jusqu’au jeudi soir à minuit, ils se creusent la cervelle, s’épuisent en combinaisons cabalistiques, demandent conseil à leurs amis, appellent les inspirations d’en haut. Les uns interrogent les extractions des années précédentes : tel et tel numéros ont l’habitude de se montrer ensemble ; il y a plus de six mois qu’on ne les a vus, ils vont sortir ! Les autres cherchent leurs idées sur les murs de la ville ; on y trouve à chaque pas des ternes tout faits, charbonnés par quelque amateur. Plus d’un fait une neuvaine pour décider ses numéros à paraître. Celui qui a eu le bonheur de rêver chien ou chat, s’empresse de consulter le Livre des Songes, où toutes les visions correspondent à des chiffres. La grande, la seule, l’inséparable idée de tous les Romains des deux sexes est la poursuite des bons numéros.

Ce n’est pas seulement les rêves qu’ils traduisent en chiffres ; tous les événements heureux ou malheureux perdent leur signification réelle pour passer à l’état de présages. Un tel s’est noyé. Bon ! 88 ! Ma fille a pris les fièvres. Bravo ! 18, 28, 48 ! Un mari rentre à la maison sans y être espéré. Il entend une voix d’homme dans la chambre de sa femme. Dieu soit loué ! 90 ! Il descend les escaliers quatre à quatre et va prendre son billet.