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LES JUMEAUX DE L'HÔTEL CORNEILLE. 45 jy ■ i » a ■ '.a 1 «s M ble ami me donna quelques notions sur la vie de château dans les seigneuries d’Allemagne. Il me dé¬ peignit ces grands repas arrosés des vins de Tokai et de Johannisberg, ces réunions chamarrées d’uniſor- s mes et de rubans, ces salons où l’habit de cour du s# duc de Richelieu est encore à la mode ; et ces chasses miraculeuses, ces grandes battues après lesquelles les lièvres se comptent par milliers, et la venaison se vend dans les boucheries à trente lieues à la ronde. Il trouva en rentrant une lettre de son frère, fort courte : . « Que pourrais-je te dire? écrivait Matthieu. Notre vie est unie comme un miroir ; tous nos jours se res¬ semblent comme des gouttes de lait dans la même coupe. Les travaux sont arrêtés par l’hiver, et nous passons la journée au coin du feu, entre nous. Tu sais si la cheminée est large ; il y a place pour tous : on mettrait même un fauteuil de plus en se serrant un peu, si tu voulais. Papa tisonne avec acharnement. Tu connais sa passion, la seule passion de sa vie. Si on lui prenait ses pincettes, on le rendait bien mal¬ heureux. Maman Debay et maman Bourgade passent la journée à coudre des brassières, à ourler des cou¬ ches et à broder de petits bonnets. Aimée tricote des bas de cachemire, de vrais bas de poupée. Quand je vois tous ces préparatifs, il me prend dés envies de rire et de pleurer. La chère petite créature aura une layette royale. Le conseil de famille a décidé que