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36 LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. !ettre de Mme de Mortsauf au jeune Vandenesse. Nous relûmes ensuite les conseils d’Henri de Marsay à Paul de Manerville; puis il demanda le déjeuner, puis il perdit deux heures à sa toilette, deux heures juste, â l’exemple de M. de Marsay. Je le vis assez souvent, dans le cours de l’hiver, pour remarquer comme il pratiquait les leçons de son maître. S’il est vrai que le travail mérite récom¬ pense et que toute peine soit digne de loyer, il lui était dû d’épouser Modeste Mignon, Eugénie Grandet ou Mlle Taillefer. Il se montrait partout aux heures où l’on se montre. Il galopait au bois tous les soirs, aussi exactement que si sa course eût été payée. 11 ne manqua aucune première représentation des théâtres de bonne compagnie ; il fut assidu aux Italiens comme s’il eût aimé la musique. Il ne refusa pas une invi¬ tation, lie perdit pas un bal, et n’oublia jamais une visite de digestion. En quoi je ì’admirais. Sa toilette était exquise, sa chaussure, parfaite, son linge mira¬ culeux. J’avais honte de sortir avec lui, même le di¬ manche , où nous portions des chemises empesées. Quant à lui, il sortait volontiers avec moi. Il avait loué pour six mois un coupé tout neuf où le carros¬ sier avait peint provisoirement ses armoiries. Dans le monde, il se recommanda dès l’abord par deux talents qui vont rarement ensemble : il était danseur et causeur. Il dansait le mieux du monde, au point de faire dire qu’il avait de l’esprit jusqu’au bout

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