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LA MÈRE DE LA MARQUISE.\t383 — Ici, sur ce divan, dans la chambre de la mar¬ quise. Pourquoi faites-vous l’étonnée? Est-ce que la place d’une mère n’est pas auprès de sa fille? » Elle laissa la femme de chambre à sa besogne et à sa surprise, et redescendit en se disant tout bas : « Le marquis n’est venu que pour me braver : il n’en aura pas la joie. Je veux aller dans le monde à sa barbe : Mme de Malésy m’y aidera ; nous ferons voir à ce forgeron endiablé qu’on peut se passer de lui, Mais il ne faut pas que je le laisse séduire ma fille ! Il l’emporterait à Arlange, et alors, adieu le faubourg ! » Au même instant, Pierre demandait la porte, et la marquise, ivre d’espérance, sautait légèrement du marchepied dans la maison. Mme Benoît fut au salon avant elle; elle ne craignait rien tant que la première entrevue, et il importait qu’elle fût là pour arrêter l’expansion de ces jeunes coeurs. Lucile croyait tom¬ ber dans les bras de son mari ; ce fut sa mère qui la reçut : « Te voilà donc, chère petite! lui dit-elle avec sa volubilité ordinaire et une tendresse plus qu’ordi¬ naire, Comme tu es restée longtemps ! Je commençais à m’inquiéter. Mon cœur est suspendu à un fil lors¬ que je ne te sens pas auprès de moi. Chère belle, il n’y a en ce monde qu’une affection désintéressée : l’a¬ mour d’une mère pour son enfant. Comment as-tu passé la journée? Te trouves-tu mieux que ces jours derniers? Voyez, Gaston, comme elle est chan¬ gée ! Votre conduite lui a fait bien du mal. Elle a