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LA MÈRE DE LA MARQUISE.\t373

vingtaine d’années tout au plus; et voilà déjà trois semaines dépensées î L’amour des enfants, c’est autre chose : il dure autant que nous et nous ferme les yeux, Tu sais que je n’étais pas trop dévote autrefois; main¬ tenant, quand je pense que nos enfants sont dans la main de Dieu, je deviens superstitieuse. Que deman¬ des-tu ? un fils ou fille ? — Mais.... je n’y ai pas encore songé. — Il faut y songer, ma belle. Si tu n’y songes pas, qui est-ce qui y songera ppur toi? Moi, je veux un fils. Ecoute un peu le paragraphe que j’ai ajouté à mes prières : « Vierge sainte, si mon cœur vous semble assez pur, bénissez mon amour et obtenez que j’aie le bonheur d’avoir un fils pour lui enseigner la crainte de Dieu, le culte du bien et du beau, et tous les de¬ voirs de l’homme et du chrétien. » Ce dernier trait acheva la pauvre Lucile. Le torrent de îarmes qu’elle retenait depuis longtemps rompit ses digues, et son joli visage en fut inondé. « Tu pleures! cria Céline. Je faisait de la peine? — Ah ! Céline, je suis bien malheureuse ! Maman m’a forcée de partir le soir de mon mariage, et je n’ai pas revu mon mari depuis le bal! — Le soir? Depuis le bal? Miséricorde! » Tout à coup le visage de Mme Jordy prit une expression sé¬ rieuse. « Mais c’est une trahison! dît—eîle. Pourquoi ne m’as-tu pas conté cela plus tôt? Je te parle depuis le matin comme à une femme, et tu n’es qu’une en-