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LA MERE DE LA MARQUISE. 365 delette, au front bombé, au nez en l’air, montrant à tout propos ses dents blanches et aiguës comme celles d’un jeune chien, riant sans autre raison que le bon¬ heur de vivre, pleurant sans chagrin, changeant de visage vingt fois en une heure, et toujours jolie sans qu'on ait jamais pu dire pourquoi. Heureusement pour le narrateur de cette véridique histoire, la beauté n’est pas sujette à définition; car il me serait impos¬ sible de vous apprendre par quel charme Mlle Mélier a séduit son mari et tous ceux qui l’ont aperçue. Elle n’avait rien de particulièrement beau, si ce n’est la rondeur de sa taille, la perfection de son buste, l’éclat de son teint, et deux petites fossettes que je n’ou¬ blierai jamais, quoiqu’elles ne fussent pas placées avec toute la régularité désirable. Lucile ne ressemblait en rien à Mme Jordy, et si l’amitié vit de contrastes, leur liaison devait être éter¬ nelle. La jeune marquise avait la tête de plus que son amie et l’embonpoint de moins : je vous ai averti que sa jeunesse était une fleur tardive. Imaginez la beauté maigre et nerveuse de Diane chasseresse. Avez-vous vu quelquefois, dans les admirables paysages de M. Corot, ces nymphes au corps svelte, à la taille élancée, qui dansent, en rond sous les grands arbres en se tenant par la main ? Si la marquise d’OutrevilIe venait se joindre à leurs jeux, sans autre vêtement qu’une tunique, sans autre coiffure qu’une flèche d’or dans les cheveux, le cercle vivant s’élargirait pour lui H n