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LAMEKE DE LA MARQUISE.\t339 la douce pression de sa main au milieu des tour¬ billons delà valse, les délicieuses paroles qu’elle avait murmurées une heure auparavant à l’oreille de son mari, tout devenait tromperie, amorce et mauvaise foi. Cependant, si elle ne l’aimait pas, pourquoi l’avait-elle épousé ? 11 était si facile de dire un non au lieu d’un oui ! sa mère ne l’aurait pas contrainte , puisqu’elle favorisait sa fuite. Gaston se rappela alors la discus¬ sion animée qu’il avait soutenue le matin même contre Mme Benoît ; il comprit sans difficulté le dépit de la veuve et sa vengeance. Mais comment cette mère ambi¬ tieuse avait-elle pu, en moins d’un jour, retourner le cœur de sa fille ï Pourquoi Lucile n’avait-elle pas écrit un mot d’explication à son mari ï Cette idée l’amena tout naturellement à chercher dans sa poche le billet de Mme Benoît. 11 y remarqua un mot qui lui avait échappé à la première lecture : « Votre femme et votre argent ! » En vérité, c’était bien d'argent qu’il s’agis¬ sait ! Comme si l’argent était quelque chose pour celui qui voit crouler tout le bonheur de sa vie ! Qu’importe une misérable somme à celui qui a perdu ce qu’on ne saurait acheter à aucun prix ? « Votre femme et votre argent ! « Cela ressemblait à la lugu¬ bre plaisanterie des cours d’assises qui condamnent un homme à la peine de mort et aux frais du procès ! Gaston s’imagina, bien à tort, que sa belle-mère n’a¬ vait écrit ce mot que pour lui rappeler la position mo¬ deste dont elle l’avait tiré, et sa dignité ombrageuse