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saline ; mais elles se réconcilièrent avec lui lorsqu’il reparut dans un habit neuf, conforme au dernier numéro du Journal des Tailleurs.

Il devait dîner entre Mme Benoît et la baronne de Sommerfogel ; mais au moment de se mettre en route, la vieille dame avait été prise d’une migraine. Ses excuses arrivèrent pendant le potage. On enleva son couvert, et Gaston se trouva voisin de son ami l’ingénieur. Il était le centre de tous les regards ; chacun des convives, et surtout les députés de la noblesse, attendaient de lui un coup d’œil gracieux et une parole aimable, comme en allant à la cour on espère un petit mot du roi. Mais ses deux passions l’absorbaient trop pour qu’il songeât à examiner la collection de grotesques qui se repaissaient autour de lui. Il n’eut d’yeux que pour Lucile et d’oreilles que pour son voisin. Les hobereaux crurent attirer son attention en engageant une conversation demi-politique où le ridicule des vieux préjugés s’étalait naïvement ; conversation pleine de liberté contre ce qui existait, pleine de regret pour ce qui avait été. Ces discours, dont la suave absurdité eût ressuscité un marquis du bon temps, bourdonnèrent autour des oreilles de Gaston sans arriver jusqu’à son cerveau. Dans un intervalle de silence, on l’entendit qui disait à l’ingénieur :

« Tu as un chemin de fer souterrain dans les salines : combien payez-vous les rails ?

— En France, 360 francs les 1 000 kilos. La tonne