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au vieillard en lui serrant les deux mains ; mais je n’ai jamais songé à ces choses-là. Je n’ai pas le temps ; vous savez mes travaux ; j’ai encore un million de choses à trouver ; la science est jalouse.

— Ta, ta, ta ! reprit le baron en riant. Comment ! vous avez vingt-huit ans, vous vivez ici comme un chartreux ; je viens vous offrir une fille sage, jolie, bien élevée, un ange de seize ans ; et voilà comme vous me recevez ! »

Un éclair de jeunesse s’alluma au fond des beaux yeux de Gaston, mais ce fut l’affaire d’un instant.

« Merci mille fois, répondit-il, mais je n’ai pas le temps. Le mariage m’imposerait des devoirs contraires à mes goûts, des occupations insupportables…

— Il ne vous imposerait rien du tout. Votre futur beau-père est mort depuis plus de quinze ans ; la famille se compose d’une belle-mère, excellente bourgeoise, malgré ses prétentions. Pour vous donner une idée de ses manières, je vous dirai qu’elle m’a chargé de vous mener demain dîner chez elle, si ce mariage ne vous déplaît pas. Vous voyez qu’on ne fait pas de cérémonie !

— Merci, monsieur le baron, mais j’ai Poullaouen dans la tête.

— Quel homme ! on vous assure par contrat la propriété d’un hôtel rue Saint-Dominique, d’une forêt de quatre cents hectares en Lorraine, et de cent mille