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inventaire d’un coup d’œil rapide, en serrant la main de Gaston, et il murmura en lui-même : Si la petite n’est pas contente du cadeau que je lui fais !… La figure du jeune marquis était ouverte, mais non pas épanouie. En l’examinant avec attention, on y aurait vu je ne sais quoi de mobile et d’inquiet, l’agitation perpétuelle d’un désir inassouvi, la tyrannie d’une idée dominante. Peut-être même, en poussant plus avant, y eût-on reconnu le sceau de prédestination qui marque le visage de tous les inventeurs. Gaston avait quitté son ouvrage pour ouvrir à son vieil ami. Il était occupé à laver à l’encre de Chine une grande planche de dessins au bas desquels on lisait : Plan, coupe et élévation d’un haut fourneau économique. Sa table était encombrée de dessins et de mémoires dont les titres, à demi cachés les uns par les autres, étaient de nature à piquer la curiosité des plus indifférents. On y voyait, ou plutôt on y devinait les suscriptions suivantes : « D’un nouvel acier plus fusible. — Nouveau système de hauts fourneaux. — Accidents les plus fréquents dans les mines et moyens de les prévenir. — Moyen de couler d’une seule pièce les roues des… — Emploi rationnel du combustible dans… — Nouveau soufflet à vapeur pour les forges. » Lorsqu’on avait jeté les yeux sur cette table, on ne voyait plus qu’elle dans la chambre. Le petit lit de pensionnaire, les six chaises de damas de laine, le fauteuil de velours d’Utrecht, la petite bibliothèque surchargée de livres, la