Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/267

Cette page n’a pas encore été corrigée

GORGEON. 261 tendit qu’il tournait au troisième rôle. Dans la lan¬ gue spéciale du théâtre, les troisièmes rôles sont les traîtres, les jaloux et tous les personnages d’humeur noire. Un mauvais plaisant lui demanda s’il ne son¬ geait pas à retourner à l’Odéon. Il prit assez bien tous les quolibets ; mais il ne digérait pas les jeunes gens à lorgnette. « Heureusement, pensait-il, ces messieurs ne vien¬ dront ni dans la coulisse ni chez moi. * Chaque fois qu’il montait à sa loge par le petit escalier malpropre de la rue Montpensier, il relisait avec une certaine satisfaction l’arrêté du préfet de police qui interdit l’entrée des coulisses à toute personne étrangère au théâtre. Pour plus de prudence, il accompagnait Pau¬ line chaque fois qu’elle jouait sans lui, et il l’em¬ menait chaque fois qu’il jouait sans elle. Pauline ne demandait pas mieux. Elle était coquette et elle lan¬ çait volontiers des sourires dans la salle, mais elle aimait son mari. L’été se passa bien ; l’orchestre était à moitié vide ; les beaux jeunes gens qui déplaisaient si fort à Gor¬ geon promenaient leurs loisirs à Bade, à Cauterets ou à Vichy ; M. de Gaudry, ce marquis breton qui avait dû épouser Pauline, passait la belle saison dans ses terres. Le jeune ménage vécut dans -une paix pro¬ fonde, et la lune de miel ne roussit pas. Mais en décembre tout Paris était revenu, et la Société des artistes dramatiques affichait partout un