Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée

ï.E BUSTE. 209 demandait au ciel un homme, un seul homme, un pauvre petit homme à qui il pût rompre les os. Dans ces dispositions philanthropiques, il caressait du re- ' gard les épées mouchetées et ces bonnes lames bien roides dont le bouton laisse un bleu sur le corps. Da¬ niel lui apparut comme une victime envoyée par la Providence : qu’il serait doux de marbrer à tour de bras une poitrine si large et si appétissante ! La vic¬ toire n'était pas douteuse : quinze ans de salle et une force reconnue ! M. Lefébure répétait volontiers, avec une orgueilleuse modestie : « J’ai déjà rencontré trois amateurs plus forts que moi, lord Seymour, M. O’Connell et le marquis de Guéblan. » C’était dire assez élégamment : « Je ne crains personne, excepté les trois premiers tireurs de Paris. » Il éprouvait le besoin de donner une bonne leçon d’escrime à M. Fert. 11 est toujours agréable de se montrer supérieur à l’homme qu’on n’aime pas, mais c’est double plaisir quand la démonstration peut se faire dans une salle d’armes. Le jeune artiste n’avait rien contre M. Lefébure. Il ne le trouvait pas beau, et il n’eût fait son portrait ni pour or ni pour argent ; il l’avait trouvé importun pendant quinze jours, de deux heures à six ; mais, à cela près, il ne lui voulait que du bien. 11 s’arrêta à causer avec lui, examina les armes, accepta un gant et une épée, et se laissa coiffer d’un.masque avec la candeur innocente d’un agneau paré pour le sacrifice. Le belliqueux avocat se rua sur lui sans crier gare î et 23Ü »