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if LE BUSTE.\t193 faire de quelques coups de peigne. La femme de cham¬ bre laissa tomber ses bras en signe de stupéfaction ; Mme Michaud se regardait dans la glace sans se re¬ connaître, et prétendait qu’on lui avait mis une tête neuve comme k une poupée ; les prétendants murmu¬ raient à voix basse le nom d’artiste capillaire, et Vic¬ torine disait en elle-même : « Il faut convenir qu’il est bon coiffeur, mais quant h la sculpture.... » Daniel se mit h ébaucher son buste, et c’est alors que le travail devint difficile. Dans ces jours du mois d’avril où le vent saute à chaque instant de l’est à l’ouest, du nord au midi, les girouettes ne tournent pas aussi vite que la tète de Mme Michaud. « Mobile comme l’onde » est un mot qui peindrait imparfaite¬ ment l’agitation perpétuelle de toute sa personne. Elle trouvait que c’était beaucoup de rester assise, et elle se consolait de cette immobilité partielle en parlant à droite et à gauche, à tort et à travers, en interpellant un à un tous ceux qui l'entouraient, en imitant le télé¬ graphe avec ses bras, et en battant a mesure avec ses pieds. Aussi fut-elle exténuée après une heure de cet exercice : il fallut lever la séance. Daniel avait dé¬ pensé plus de patience en soixante minutes qu’un santon en soixante ans ; le buste n’était pas ébauché. « Je l’avais prédit, pensa Victorine. Ouf! dit Mme Michaud et d’une! Encore onze séances, et nous aurons fini. » Daniel n osa pas lui dire que si les séances res- 236\t™