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TERRAINS A VENDRE.\t141

Mademoiselle, vous êtes témoin que j’ai toujours

fait l’éloge de M. Tourneur. — Oui, monsieur ; ensuite ? — Je vous ai dit, à vous, comme à mademoiselle vo¬ tre tante et à monsieur votre père, que Tourneur était un artiste de talent, un excellent cœur, et ce que nous appelons, nous autres hommes de plaisir, un vrai bon enfant. Je le jugeais en camarade, et mon opinion n’a pas changé; vous m’interrogeriez encore sur ces points-là, je vous répondrais la même chose. Mais pour¬ quoi n’ai-je pas su plus tôt que monsieur votre père avait d’autres idées et qu’il voulait vous marier à lui ? Certes, je ne vous aurais pas crié : ne l’épousez pas, il est imUgne de vous, vous vous en repentiriez plus tard! Non, je ne suis pas homme a desservir un ami. Mais je vous aurais dit tout doucement, là, dans votre intérêt : Voilà l’obstacle; il y a des femmes qui s’en épouvanteraient ; il y en a d’autres qui croiraient que ce n’est rien ; à vous de voir si vous voulez engager la lutte avec cette personne, et le souvenir d’une longue liaison, et les gages réciproques et tout ce qui s’ensuit. Si vous espérez être la plus forte, mariez-vous ! » M. de Chingru n’eut pas plutôt parlé qu’il recueillit les fruits de son discours. Les larmes ne tombèrent pas des yeux de Rosalie, elles jaillirent devant elle , comme lancées par une force invisible. Mais ce fut 1 affaire d un instant. La courageuse fille contint sa douleur.