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' 'V iA> TERRAINS A VENDRE.\tI\tI\t1 gros encensoir dans le visage, à médire de l’un chez l’autre, à se faire tutoyer, et à décrocher çà et là une esquisse qu’on lui laisse prendre. Sans être ni artiste ni critique, il a cependant un nez de brocanteur, et il flaire assez bien les toiles qui sont de défaite. Dans les ateliers où il est reçu, il se pose en point d’admi¬ ration le long des murs, célébrant tout, le bon et le mauvais, jusqu’à ce qu’il ait jeté son dévolu sur un ouvrage médiocre, auquel l’artiste n’attache que peu de prix. 11 y reporte tout l’effort de son admiration, il y donne de toute l’impétuosité de son enthousiasme. Il s’en écarte, puis il y revient ; il déprécie un chef- d’œuvre au profit de sa passion dominante ; il s’en va, mais il ajuste son dernier coup d’œil sur l’objet de sa convoitise. Le endemain, on "e revoit, mais il ne voit personne ; il dit à peine bonjour, il va droit au tableau de la veille. C’est son pôle : vous diriez un homme aimanté. ! ne craint pas de dire à l’artiste : « Voilà ton premier chef-d’œuvre ; le jour où tu as fait cela, j tu es sorti du pair ; la veille, tu n’étais qu’un peintre g comme les autres, un Delacroix, un Troyon, un Co¬ rot , le lendemain, tu étais toi. » Et il regarde encore, et il décroche cette toile sans cadre, il la porte à la fenêtre, il 1 essuie du revers de sa manche, il la remet en place en maugréant contre les bourgeois qui ne viennent pas la couvrir d’or. Huit jours après, il revient, mais il regarde ailleurs; il évite ce coin-là, il n’y jette les yeux qu’à la dérobée en étouffant un I ■ ■ - i\t‘)4iiiy —r • .la.