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t TERRAINS A VENDRE.\t101 Ses premiers succès datent de l’Exposition de 1850. Jusque-là, il avait gagné obscurément sa vie. M. Tour¬ neur père, commissionnaire en vins, retiré des affaires avec dix mille francs de rente, n’avait ni aidé ni con- trarió la vocation de son fils ; il l’avait livré à lui- même, sans argent, avec ces paroles encourageantes : « Si tu as du talent, tu te tireras d’affaire ; si tu n’en as point, tu renonceras à la peinture, et je te placerai dans le commerce. » De vingt à trente ans, Henri dessina des bois pour les éditions à vingt centimes ; il peignit des éventails, des boîtes de confiseur, des porcelaines- et même des devants de cheminée. VEn¬ fant au\tpot-au-feu, qui se vend encore en province, est un de ses péchés de jeunesse. Ces dix années de gêne lui furent profitables : il apprit l’économie. Le jour où il vit son pain assuré pour dix-huit mois, il tourna le dos à l’industrie et se mit à la peinture. Son atelier est le plus beau de l’avenue Frochot et un des plus beaux de Paris. C’est un musée où l’on voit un peu de tout, excepté des tableaux. La raison en est fort simple. Lorsque Tourneur veut peindre une jeune dame du temps de Louis XIII cachetant un billet doux, il commence par courir les marchands de curiosités : il achète, soit une tapisserie du temps, soit une tenture de cuir gaufré pour remplir le fond du tableau. Il choisit un beau meuble ancien, qu’il fait porter chez lui. Il déterre au fond d’une boutique un petit bureau richement incrusté, il le paye et l’em-