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Mais l’arrêté ministériel qui lui permettait de puiser dans la caisse était si mal rédigé que Campana put prendre, sans nouvelle autorisation, une bagatelle de 2 647 730 francs. Le tout entre le 12 avril 1854 et le 1er décembre 1856. En dix-neuf mois et demi !

Personne ne l’ignorait ; l’emprunt n’était pas régulier, mais il n’était pas clandestin. Campana se payait à lui-même les intérêts de l’argent qu’il s’était prêté.

On le gronda paternellement en 1856. On lui donna sur les doigts, mais on n’eut pas l’idée de lui lier les mains ! Il était bien en cour.

Le malheureux emprunta de plus belle : on ne s’était pas même avisé de lui fermer sa caisse. Il y reprit 2 587 200 francs depuis le 1er décembre 1856 jusqu’au 7 novembre 1857. Mais il donnait de belles fêtes ; les cardinaux l’adoraient ; les témoignages de satisfaction pleuvaient sur lui. En effet, l’Église n’a pas besoin du mont-de-piété ; il ne sert à personne qu’à la nation. Campana aurait pu emprunter les murailles de l’établissement sans que la cour pontificale y vît à redire.

Malheureusement le cardinal Antonelli trouva son compte à l’envoyer aux galères. Ce grand homme d’État y voyait un triple profit. Primo, fermer la bouche à la diplomatie et à la presse étrangères qui accusaient le pape de tolérer un abus. Deuxièmement, humilier un de ces laïques qui se permettent de devenir quelque chose, sans porter des bas violets. Enfin, donner le mont-de-piété à Philippe Antonelli.