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pour ainsi dire ; il a les mêmes craintes de la justice, le même mépris d’un bien acquis à vil prix, le même empressement à s’en défaire. Il cherche et trouve des acquéreurs dans un public à peu près honnête qui se démoralise au contact des biens mal acquis.

Les fruits du vol corrompent tout ce qui les touche. Vous rencontrez des gens qui se croient irréprochables en payant un louis ce qui vaut le double ou le triple. S’ils raisonnaient un peu, ils comprendraient que le bon marché poussé à certaine limite les rend complices du recéleur ; mais ils ne veulent pas raisonner. Ils étalent fièrement leurs emplettes et se vantent de les avoir payées moins cher qu’elles ne valent. Il leur semble que cette perturbation des lois commerciales et industrielles est un bienfait de leur étoile ou un triomphe de leur sagacité. L’occasion fait plus de larrons qu’on ne pense. C’est en ce sens que j’ai pu dire : Les biens volés sont corrupteurs.

Les mendiants ne sont pas des voleurs, excepté quand ils cumulent les deux industries, ce qui arrive quelquefois. Mais presque tous les pauvres de profession emploient des manœuvres frauduleuses pour se faire donner une partie de la fortune d’autrui. Partie microscopique en apparence,