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pièce de conviction et mener son voleur en cour d’assises. Donc, rien n’est plus sensé que cette méfiance qui déprécie tous les papiers aux yeux des malfaiteurs habiles et leur fait préférer l’argent, les meubles, les marchandises.

Mais les meubles et les marchandises perdent la plus grande partie de leur prix en tombant dans les mains d’un possesseur illégitime. Si le voleur les dénature, s’il transforme en lingots une collection de médailles, une pièce d’orfèvrerie, il anéantit littéralement toute la plus-value que le travail de l’homme avait ajoutée aux métaux précieux. Un capital considérable périt ainsi tous les ans et se trouve perdu pour tout le monde. Les choses qu’on revend telles qu’on les a volées se déprécient par cela seul qu’elles deviennent marchandise d’occasion : la même pièce de drap qui valait cent francs en fabrique, n’en vaut plus que cinquante dans une boutique du Temple ou dans une vente du mont-de-piété.

Ajoutez à ce déchet la dépréciation causée par le recel. Le receleur étant complice du voleur et courant les mêmes risques, demande logiquement à partager les bénéfices du crime ; il ne craint pas d’offrir pour une marchandise toute neuve le quart ou le dixième de ce qu’elle valait en magasin. Lorsqu’il a volé le voleur, il se substitue à lui