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savent plus long que leur père et qui, par conséquent, pourront choisir un travail moins dur. Le reste est placé en trois pour cent ou en obligations. Cela ne fait pas un gros chiffre, mais c’est le commencement d’un capital, l’amorce d’une humble fortune. Si le père ou quelqu’un des fils voulait s’établir à son compte, cet argent-là permettrait d’essayer.

L’auteur de tous ces biens regarde ce qui l’entoure avec un légitime orgueil. « Tout cela, pense-t-il, est mon ouvrage. Depuis ma redingote des dimanches jusqu’à l’éducation de mes enfants, j’ai tout payé par le travail. » Il n’y a pas un meuble dans l’étroit logement qui ne lui rappelle un coup de collier, quelques mois de privations, une épargne longue et patiente. La femme, qui a collaboré vingt ans avec cet honnête homme, est encore plus fière que lui. Les enfants sont respectueux et reconnaissants. Elevés à si bonne école, ils travaillent, ils économisent, ils commencent à rembourser la dette de leur éducation. Si un malheur qu’il faut prévoir les condamnait à hériter demain, je réponds qu’ils recueilleraient l’épargne de leurs parents comme une relique. Je ne sais pas s’ils arriveront à décupler la somme, mais, à coup sûr, ils n’iront pas la boire au cabaret.

Le voleur heureux et hardi qui vient de faire