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naie toute la semaine, et voilà ce que j’ai produit. »

Il lui tarde de rentrer à la maison et d’étaler son petit avoir sous les yeux de la ménagère. Chemin faisant, les pièces blanches sonnent de temps à autre, et ce petit bruit qu’il entend lui fait plaisir. Peut-être même lui arrive-t-il une fois ou deux de frapper sur sa poche pour réveiller les écus endormis. Si quelque malfaiteur le guettait au passage pour lui arracher son argent, il trouverait à qui parler. Jour de Dieu ! l’honnête homme se change en lion pour défendre son modeste salaire.

Cet argent-là sera bien employé, n’ayez pas peur. Il payera le pain, la viande et le savon de la famille, et l’école des petits. On mettra quelque chose à part, en prévision du terme. L’excédant, s’il y en a, sera pour les dépenses de toilette ; si l’on n’a besoin de rien pour le moment, la caisse d’épargne est à deux pas. Brave argent ! honnête argent ! tu moralises celui qui te touche. Il se gardera bien de te gaspiller en débauches ; il sait trop, par expérience, ce que tu coûtes à gagner.

Avec le temps, une part des salaires s’est convertie en bon linge, en effets d’habillement, en meubles simples, mais commodes. Une autre part a transformé les enfants en petits hommes, qui en