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donniez en échange un autre bien d’égale valeur.

Celui qui s’approprie un petit pain d’un sou, sans donner un sou en échange, ne fait pas tort au boulanger seul, mais à tout le genre humain : il consomme le travail d’autrui sans fournir un travail équivalent. Le dommage est insignifiant en lui-même dans une société aussi riche que la nôtre ; mais c’est justement dans les sociétés riches que le vol est moins excusable, parce qu’on y rencontre plus de facilités à gagner honnêtement sa vie. Où le moindre service rendu au riche par le pauvre, une portière ouverte, une allumette offerte, se paye un sou et plus, le vol d’un sou équivaut à un refus insolent de servir les autres hommes.

Voler un pauvre est plus odieux que de voler un riche, mais cela n’est ni plus ni moins criminel. Un préjugé, qui n’est pas encore déraciné chez nous, innocente à moitié celui qui vole cinq francs chez un millionnaire, et aux trois quarts celui qui dérobe un louis au préjudice de l’État. La vérité est que toutes les violations du droit de propriété sont également coupables. Riches et pauvres, tous les hommes qui travaillent sur la surface du globe sont lésés par un vol, quel qu’il soit. Les travailleurs de l’Autriche et des États-Unis sont intéressés comme nous à réprimer le vol