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sur ce trésor si vous ne travaillez pas pour vivre. Plus vous vous obstinez à détenir un capital improductif, plus vous êtes forcé de produire par vous-même.

Heureusement il y a fort peu de capitalistes qui refusent de prêter. Ceux qui préfèrent gaspiller ou enterrer leur bien font exception et ne sauraient en aucun cas faire école. Le trésor de l’avare devient productif à la mort de son maître. Les jeunes insensés qui ont prodigué leur patrimoine se mettent tous à chercher un emploi, c’est-à-dire un travail utile. Ils deviennent producteurs malgré eux, sous peine de mourir de faim. Alors ils voient par une douloureuse expérience combien il est difficile de produire la moindre chose par soi-même, sans l’aide des capitaux, et ils se reprochent amèrement d’avoir détruit un de ces précieux instruments.

Toute la logique de la vie humaine est formulée en trois mots : produire pour consommer. Notre raison et notre justice se révoltent à l’idée d’un homme qui consommerait perpétuellement sans rien produire. Que les enfants consomment à crédit, tout le monde le comprend ; que les vieillards achèvent de consommer ce qu’ils ont produit dans l’âge viril, c’est justice ; que le travailleur se repose quand il est las et consomme en partie les