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Vous me direz qu’il peut vendre son immeuble et placer l’argent qu’il en tirera. Oui, mais prêter des capitaux ou prêter des logements, c’est toujours rendre service, et par conséquent produire. Un capitaliste qui ne voudrait obliger personne et prendrait le parti de manger son capital au jour le jour, se nuirait surtout à lui-même. J’hérite de 100 000 francs ; une combinaison très-morale, et jugée telle par l’universalité du genre humain, me permet de consommer chaque année la vingtième partie de mon avoir (soit 5000 francs) sans diminuer d’un sou ma petite fortune. Pour arriver à ce résultat, je n’ai qu’une chose à faire : prêter mon capital aux hommes laborieux qui en ont besoin. Moyennant quoi, j’ai la certitude de jouir d’un revenu constant jusqu’à ma dernière heure, dussé-je vivre cent ans et plus ; je suis sûr de transmettre à mon fils le patrimoine que mon père m’a laissé ; j’ai la conscience d’être utile, sans bouger les bras, et de coopérer à la grande production du bien sur la terre.

Supposez que par un égoïsme poussé jusqu’à la folie, je refuse de mettre cet argent à la disposition des autres hommes. Je ne suis plus producteur et désormais je ne rendrai service qu’à moi-même. Mais quel mauvais service ! Dans vingt ans, je serai totalement ruiné, sans avoir augmenté ma