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de crier au voleur ! « Non, répondrez-vous, nous ne sommes pas quittes ; tu ne m’as pas rendu un centime de ce que je t’ai prêté. J’ai mis à ton service un instrument de production ; tu as, suivant nos conditions, et selon l’équité, partagé les produits avec moi ; mon capital me reste. Tu n’y saurais toucher sans commettre un sacrilège, car ces 20 000 francs sont faits des deux choses les plus respectables au monde, le travail et les privations d’un honnête homme. »

J’avoue que tous les genres de production ne sont pas également laborieux. Par exemple, un fils de famille qui possède dix maisons sur le pavé de Paris travaille moins dans sa journée que ses 150 ou 200 locataires. Le prêteur en général travaille moins que l’emprunteur ; il gagne quelquefois autant, ou même davantage. Louer la terre au laboureur est moins pénible assurément que labourer la terre. Mais nous expliquerons, en parlant des capitaux, comment un homme peut hériter légitimement du travail de cent autres, et comment les plus pauvres d’entre nous sont eux-mêmes des héritiers sans le savoir.

Pour le moment, je me borne à faire ressortir une conclusion qui a son importance. C’est qu’un homme ne peut vivre sur terre qu’à la condition de produire.