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Sur ces entrefaites, un emprunteur se présente et vous dit :

« Monsieur, j’ai votre affaire. Le petit capital que vous avez amassé rapportera sans peine dix pour cent entre mes mains, dans une bonne industrie. Avec les instruments que la nature m’a donnés, je ne serais pas sur de gagner mon pain quotidien ; avec vingt mille francs, je me fais fort d’en gagner annuellement deux mille. La moitié du produit sera pour vous, comme il convient, puisque vous me fournissez un instrument indispensable, un outil sans lequel il me serait impossible ou difficile de vivre. »

L’offre vous paraît équitable, vous signez. Le travail fait vient en aide au travail à faire. Un homme qui, sans vous, n’aurait pu s’employer que comme journalier ou manœuvre, devient, par votre fait, artisan ou marchand. Vous vous réjouissez d’avoir pourvu à toutes vos nécessités futures sans faire tort d’un centime aux héritiers que vous aimez.

Mais supposez que, vingt ans après, votre emprunteur, grisé de paradoxes économiques, se présente chez vous avec tous vos reçus et vous dise : « Vous m’avez prêté en une fois 20 000 francs ; je vous ai rendu, en vingt fois, 20 000 francs ; nous sommes quittes. » Votre premier mouvement sera