Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dant vos écus dans un tiroir de commode, assurer pour vingt ans votre modeste existence. Mais si vous atteignez la centaine ! cela s’est vu. Il faudrait donc mourir de faim, ou vous ensevelir dans un hospice pour achever misérablement vos vingt dernières années ?

D’autre part, vous avez des enfants. Ils travaillent comme vous, ils gagnent leur vie à votre exemple ; mais vous ne seriez pas fâché de leur transmettre votre petit capital. Vous croyez même que cet argent leur appartient en quelque sorte. Pourquoi ? Pour deux raisons. D’abord, en leur donnant la vie, vous avez contracté l’engagement moral de leur rendre la vie aussi facile que possible, dans la limite de vos facultés. Ensuite, vos enfants ont contribué dans une certaine mesure à la production de votre épargne. Le bonheur d’être père, la conscience de devoirs nouveaux, le désir de voir prospérer cette famille a doublé votre énergie : vous avez travaillé de meilleur appétit que si vous aviez été seul ici-bas. Plus de cent fois l’idée des enfants vous a protégé contre une dépense inutile ou nuisible ; vous vous êtes arrêté sur le seuil du cabaret ou du café, en pensant aux petits. Donc vous seriez bien aise de trouver une combinaison qui garantît indéfiniment le repos de votre vieillesse sans déshériter ceux qui vous sont chers.