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compris. Le boulanger ne pétrit pas le pain pour nourrir les autres hommes, mais pour gagner son pain lui-même et manger à son appétit. Le maçon ne bâtit pas pour loger le prochain, mais pour payer son terme.

Mais si prêter est synonyme de produire, on peut donc être à la fois un producteur et un oisif ?

Oui.

Si vous répugnez à me croire sur parole, voici un argument personnel qui, j’espère, vous paraîtra sans réplique.

Vous avez produit activement depuis l’âge viril jusqu’à la soixantaine. Pendant ces quarante ans, au lieu de consommer à mesure tous les fruits de votre travail, vous en avez épargné une partie et créé de cette façon un petit capital pour vos vieux jours.

Combien vous reste-t-il à vivre ? Vous n’en savez rien, ni moi non plus. Lorsqu’un homme a pu et a su arriver à la soixantaine, personne ne peut dire où il s’arrêtera. Votre épargne s’élève au chiffre de 20 000 francs, ce qui paraîtra fort beau si l’on songe que vous l’avez prélevée centime à centime sur des gains ou des salaires fort limités. La simplicité de goûts que vous avez eu l’esprit de garder vous permettrait de vivre pour un millier de francs par an : vous pouvez donc, en gar-