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tres se croisaient les bras, le revenu de cette terre doit être entièrement à moi. » Votre bon sens, à vous qui êtes désintéressé dans l’affaire, contre-signerait-il un pareil argument ? Non certes ; vous diriez au fermier : « Tu te trompes. Ceux qui t’ont mis en main les moyens de produire sont producteurs à un autre titre, mais au même degré que toi. Le premier était maître de laisser sa terre en friche, puisque la propriété, dans sa définition légale, est le droit d’user et d’abuser. Le second était libre de gaspiller follement tous ses capitaux en dix-huit mois, comme tant de jeunes gens à la mode ; ou de laisser l’argent dans un coffre et d’y prendre au jour le jour la somme nécessaire à ses besoins. Personne n’aurait pu leur imposer une conduite plus sage, car le droit de propriété, comme nous l’expliquerons bientôt, est absolu. Donc le capitaliste et le propriétaire foncier ont collaboré, sans sortir de chez eux, à la production de tes récoltes. Ils y ont trouvé leur compte, j’en conviens, mais toi aussi ; et de part et d’autre c’était justice. Ils ne t’ont pas prêté leur terre et leur argent pour te rendre service, mais pour se servir eux-mêmes ; et toi, tu n’as pas travaillé pour leur payer des rentes, mais pour t’en faire autant que possible. Tous les producteurs produisent en vertu du même principe, qui est l’intérêt personnel bien