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çon si bien doué n’aurait jamais produit un million par ses propres forces, sans l’assistance du prêteur.

Voici maintenant un élève de Grignon qui a montré, dès l’école, les aptitudes d’un cultivateur distingué. Que lui manque-t-il pour exercer son talent d’une manière utile aux autres et à lui-même et faire une petite fortune dans l’agriculture ? Deux conditions indispensables : 1o un prêteur qui lui confie une terre à cultiver ; 2o un deuxième prêteur qui lui avance le capital requis pour l’exploitation de sa ferme. Si l’on ne lui prête rien, ou Si l’on ne lui prête qu’un des deux instruments, soit la terre sans le matériel d’exploitation, soit le matériel d’exploitation sans la terre, son bon vouloir et son talent seront à jamais paralysés. Est-ce clair ? Prendriez-vous fait et cause pour cet agriculteur si, après vingt années d’un travail assidu et heureux, il disait :

« J’ai produit à moi seul les récoltes de ces vingt années. Depuis vingt ans, je sue du matin au soir sur cette ferme ; le propriétaire n’y a pas mis la main, il n’est pas même venu nous encourager d’un coup d’œil. Mon bailleur de fonds, pas davantage ; l’un et l’autre s’amusent à la ville, tandis que je m’extermine pour eux. En vertu du travail que j’ai fait à moi seul, tandis que les au-