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sera millionnaire avant dix ans. Mais en attendant, il est pauvre ; il n’a pas même les cent francs qu’il faut verser en prenant un brevet. De deux choses l’une : ou il ne trouvera point de crédit et son invention sera perdue pour les autres et pour lui-même, ou un capitaliste lui avancera les cent mille francs dont il a besoin. Dans ce cas, le prêteur a-t-il ou non collaboré à la fortune qu’on va produire ? Oui, car elle naîtra du mariage d’une idée et d’un capital ; oui, car le million serait éternellement resté dans les limbes si personne n’eût fait la première mise de fonds.

Transportez la question dans le commerce, dans l’agriculture, où bon vous semblera. Un modeste employé de rayon se sent apte à réussir dans une grande affaire. Mais il faut de l’argent, beaucoup d’argent aujourd’hui, pour monter une maison solide ; le pauvre garçon n’a que ses appointements et ses petites économies. Plus il est jeune, plus il est pauvre. Si personne ne lui fait l’avance du capital nécessaire, il végétera au service d’autrui jusqu’à la fin de ses jours. Le brave homme qui lui confie cent mille francs, est-il ou non l’auteur de sa fortune ? Oui, pour moitié, car s’il est vrai de dire que les cent mille francs ne se seraient pas décuplés sans le travail du jeune commerçant, il est également certain que ce gar-