Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Français très-riches me condamne à m’entourer de quelques fainéants bien vêtus. C’est un besoin qui m’est venu avec la fortune, veux-tu m’aider à le satisfaire ? Prends-tu l’engagement de ne pas travailler chez moi ? Tu pourrais employer ton temps à faire des serrures ; je te l’achète, je te paye toutes les serrures que tu ferais si tu n’étais à mon service. Non-seulement tu ne travailleras pas, mais je travaillerai pour toi, ou du moins je te nourrirai sur le travail que j’ai accumulé en ma vie : tant j’estime le service que tu vas me rendre en donnant à mon antichambre un faux air de faubourg Saint-Germain ! »

À mesure qu’un peuple se civilise et s’enrichit, ses besoins artificiels croissent en nombre et en exigence, le superflu lui devient plus nécessaire et la clientèle des industries du luxe s’élargit. Et la production des objets de luxe, dès qu’elle trouve un assez large débouché, rend des bénéfices énormes : il y a plus à gagner sur les caprices d’un seul riche que sur la faim et la soif de quarante pauvres gens.

Il est juste d’assimiler aux producteurs tous ceux qui par leur industrie empêchent la destruction en assurant la conservation des biens produits. Assurer, c’est produire.

Vous connaissez le proverbe : Un tiens vaut