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les besoins de son dilettantisme, comme un hectolitre de blé apaise la faim d’un paysan.

La plupart des économistes ont une tendance à mépriser l’agréable et à lui dénier toute espèce d’utilité. Ils oublient que l’utilité est toujours relative aux besoins présents de l’homme, et non de tous les hommes en général, mais de tel homme en particulier. Pour le malheureux affamé, un pain est plus utile qu’un cigare ; pour l’agent de change qui sort de table, un cigare est infiniment plus utile qu’un pain.

J. B. Say, qui était un homme de grand sens, mais qui vivait dans une époque un peu étriquée, rabaisse trop volontiers l’utilité des choses agréables. Il n’admet pas que les lampes allumées dans un salon produisent la même somme d’utilité que les lampes allumées dans un atelier. Il insiste sur l’inutilité des laquais ; il est sévère en général pour les produits de luxe et les superfluités, comme il dit ; il croit que neuf fortunes sur dix se font dans le commerce des denrées de première nécessité.

La vérité est que l’éclairage d’un salon produit une utilité d’un autre ordre que l’éclairage d’un atelier, mais absolument égale aux yeux du maître de la maison. Si vous brûlez pour cinq francs d’huile et pour dix francs de bougie le soir où vous recevez vos amis, vous n’espérez pas que la valeur du pro-