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M’accordez-vous qu’entre les biens utiles à l’homme le plus utile est l’homme lui-même ?

Avez-vous accepté le calcul des économistes qui disent : C’est à partir de sa vingt-septième année que l’individu rembourse les avances de la société ?

Pensez-vous, comme J. B. Say et tous ceux qui raisonnent, que le difficile n’est pas de procréer des enfants, mais de les amener à l’âge d’homme ?

Alors vous devez reconnaître que l’art médical, en organisant la lutte contre les causes de destruction qui nous menacent dès la naissance, produit sur terre une somme incalculable d’utilité. Notre vie, selon la définition de Bichat, est l’ensemble des forces qui luttent en nous contre la mort. La nature réclame à toute heure les éléments dont notre corps est fait ; notre existence n’est qu’un emprunt militant, continu, renouvelé sans cesse : on ne saurait coter assez haut cette belle industrie médicale qui protège l’être humain contre tout un monde conjuré.

Parmi les hommes que vous connaissez, en est-il beaucoup que la science n’ait au moins une fois dérobés à la mort ? Partez de là, et dites si le médecin est un plus piètre producteur que l’ébéniste ou le tailleur de pierres ?

J. J. Rousseau et tous ceux qui nous ont mis l’eau à la bouche en célébrant l’état de nature,