Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
INTRODUCTION.

francs les mille litres qu’il a payés vingt sous, l’utilité pour vous sera la même. L’industriel et le marchand vous mettent également sous la main un bien naturel qui abonde dans la rivière, mais qui sous aucun prétexte ne monterait seul à votre étage.

Faut-il donc le ranger parmi les producteurs, ce parasite porteur d’eau qui ose gagner quatre cents pour cent sur sa marchandise ?

Oui certes ! Et non-seulement lui, mais tous ceux qui nous vendent en détail les denrées que nous ne pourrions acheter en gros.

Il est trop évident que si je possédais un jardin vers le parc Monceaux ; s’il me fallait cinquante mille hectolitres par année pour irriguer un hectare de pelouses, je ne m’amuserais pas à payer l’eau deux sous la voie. En pareil cas, on fait sa provision en gros.

On achète le vin en gros, et aux prix du gros, si l’on a une cave pour le loger et si l’on peut payer la pièce entière. De même un chef d’institution qui fait faire la cuisine pour deux ou trois cents jeunes gens, achète un lot de poisson à la halle et prend plusieurs moutons à la criée. Mais que deviendrait l’artisan, le petit bourgeois, l’ouvrier célibataire, si, à la fin de sa journée, il ne pouvait manger la soupe sans acheter un bœuf,