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INTRODUCTION.

risien. En ce sens, il est producteur comme le marin qui a traîné la drague au fond de la mer. L’un s’est donné du mal pour amener en haut ce qui était en bas ; l’autre s’est fatigué pour amener au sud ce qui était au nord. L’écaillère vient ensuite, et, prenant son couteau, elle ajoute au produit du pêcheur et du voiturier un nouveau genre d’utilité sans laquelle vous n’auriez jamais connu le goût des huîtres. Essayez une fois d’ouvrir sa marchandise vous-même, et osez dire ensuite que la bonne femme ne produit rien !

Tout travail logique est productif ; tous les travailleurs sont des producteurs. Le marin serait un grand fou s’il faisait ce raisonnement que j’ai entendu bien des fois :

« Le voiturier et l’écaillère ne sont que des parasites. Ils vivent sur mon travail ; ils exploitent à leur bénéfice un produit que j’ai créé. »

Non ! tu n’as rien créé, mon ami ! Tu as rapproché du consommateur un aliment qui était loin de lui. Un autre l’a porté un peu plus près de nous ; un autre l’a placé sur notre table et sous notre fourchette : tous ceux qui ont travaillé à rendre ta marchandise plus utile sont producteurs au même titre que toi.

Le paysan dit : J’ai fait cent hectolitres de blé, et il semble à première vue qu’il ait tiré du néant