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mangeons sont œuvre d’homme. L’homme est allé chercher en Asie et même plus loin les âpres sauvageons qui ressemblaient à nos pêches, à nos cerises et à nos poires, comme une églantine ressemble à la rose Palais de Cristal ou au Souvenir de la Malmaison.

Chacun de nos légumes représente non-seulement des voyages lointains, mais des siècles de travail ingénieux et de perfectionnement opiniâtre.

Ce n’est pas la nature qui a donné la pomme de terre au pauvres gens de notre pays. C’est l’industrie humaine qui est allée la chercher en Amérique et qui l’a travaillée, modifiée, améliorée, diversifiée et conduite par degrés au point où elle en est : le tout en moins de cent ans. Mais à ce siècle de culture il convient d’ajouter tout le travail antérieur que les indigènes d’Amérique avaient consacré à la plante. Quand on nous apporte les produits d’une terre lointaine, nous sommes portés à croire que la nature seule en a fait tous les frais. Mais l’Amérique était cultivée de temps immémorial quand les Espagnols la découvrirent. L’homme y avait donc modifié la nature à son profit comme en Europe et partout.

Le blé, tel que nous le voyons, n’est pas un présent de la nature. Il croît spontanément dans