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INTRODUCTION.

dans l’industrie ; il aspire au moment de liquider sa position en échangeant cette machine compliquée, absorbante, fatigante, contre un autre capital également puissant, mais plus simple et travaillant tout seul.

Voilà l’affaire faite : l’industriel est devenu rentier. Sur les vingt-quatre heures du jour, il en a désormais vingt-quatre à lui, bien à lui. Tous ses besoins sont satisfaits, pensez-vous ; oui, ses besoins d’autrefois ; mais aussitôt il en naît d’autres. Cet homme heureux commence à remarquer le contraste de sa fortune et de son éducation, et il en souffre. En sortant des affaires, il est entré dans un monde où presque tous les hommes sont plus instruits, plus délicats, plus élégants que lui. Entre personnes qui toutes sont affranchies des besoins matériel, c’est le mérite qui assigne des rangs. Du mérite, il en a, il l’a prouvé en faisant sa fortune, mais aussitôt l’affaire faite, le besoin de mérites nouveaux s’impose au riche.

Depuis qu’il a le temps de feuilleter sa bibliothèque, il découvre tous les jours une lacune dans son esprit. Depuis qu’il va dans les salons où l’on cause, il s’aperçoit que les gens de sa nouvelle condition savent plus et parlent mieux que lui. Depuis qu’il peut passer tous ses étés à la campagne, il reconnaît que la campagne est pour lui