Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un tuilier a extrait, pétri, moulé et mis au four chacune des tuiles qui les abritent ;

Un bûcheron a coupé des arbres dans la forêt, un voiturier les a transportés, un charpentier les a équarris et assemblés pour leur faire une toiture ;

Un plâtrier a cuit le sulfate de chaux qui revêt leurs quatre murs. Un menuisier a raboté leur plancher, leur porte et leur fenêtre. Un peintre a étendu sur le bois plusieurs couches de couleurs, préparées par un chimiste. Un verrier a fondu le verre de leurs croisées ; un vitrier l’a découpé avec un diamant, que tout un équipage de marins était allé chercher au Brésil. Que de miracles accomplis dans l’intérêt d’un seul ménage ! Combien de voyageurs ont traversé les mers au profit de ces gens-là ! Le café dont il reste une goutte au fond de leurs tasses arrive de Java, le sucre des Antilles, le poivre des îles Moluques ; ce petit clou de girofle qui accompagne le pot-au-feu a été perçu comme impôt par l’iman de Mascate, sur la côte orientale de l’Afrique. L’éleveur, le boucher, le laboureur, le meunier, le boulanger, le vigneron, le saunier, l’huilier, le vinaigrier, le tisserand, le filateur, le teinturier, le mineur, le forgeron, le tailleur et cent autres corps d’état ont travaillé pour ces trois personnes. J’aurais dix mille escla-