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an, deux ans et quelquefois plus tard encore. Tel est l’usage du monde, encouragé par les lenteurs et les facilités de la loi civile. Il résulte de là qu’un brave homme peut tomber légalement au-dessous de ses affaires, quoiqu’on lui doive en réalité plus qu’il ne doit ; il perd en un seul jour vingt ans d’épargne.

Il est facile de dire aux prolétaires : étudiez l’économie sociale. Où sont les livres et les brochures à bon marché qui leur parlent leur langue et peuvent les instruire ?

On leur conseille d’envoyer leurs enfants à l’école ; ils répondent : nous ne demandons pas mieux, mais nous n’avons pas tous le moyen de payer cet humble enseignement primaire.

Je ne conteste point la valeur de ces arguments, mais j’estime qu’ils ne sont pas sans réplique.

Les prolétaires ont en main le droit de suffrage ; ils ne savent pas le tourner au mieux de leurs intérêts. Ils se laissent enrôler aujourd’hui dans un parti, demain dans un autre ; quand donc entreprendront-ils une campagne pacifique au profit de leurs femmes et de leurs enfants ? Quand dresseront-ils le programme des réformes équitables dont ils ont besoin pour améliorer leur sort ?

Il ne s’agit pas de lever le drapeau d’une opposition nouvelle. Nous vivons sous un gou-