Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voit son but, il marche avec confiance, il constate avec bonheur que chaque pas l’en approche. La monotonie de ses occupations disparaît à ses yeux, parce que chaque jour amène un changement dans sa personne ; il se sent devenir un autre homme à mesure qu’il s’enrichit. Celui qui travaille sans acquérir ne sait pas pourquoi il travaille ; celui qui voit croître son épargne se dit tous les matins avec un redoublement de courage : je travaille pour moi.

Cet égoïsme prévoyant est un ressort bien plus vigoureux que la nécessité de gagner le pain quotidien. Le travailleur qui pense à l’avenir est un autre gaillard que le mercenaire résigné à une gueuserie sempiternelle, qui réduit ses besoins pour ménager ses efforts, et arrive à consommer le moins possible en se fatiguant le moins possible.

Mais le plus fort de tous les travailleurs est celui qui épargne dans l’intérêt de ses enfants. Mariez-vous ; les charges du ménage ne sont pas comparables à ses profits. Toutes les privations deviennent des plaisirs, dès qu’on se prive pour ceux qu’on aime.

Instruisez-vous si vous pouvez ; je vous ai dit que le travail de l’homme instruit vaut plus cher que celui de l’illettré. Si vous avez passé le temps d’apprendre, ne manquez pas d’envoyer vos enfants à l’école, afin qu’ils soient un jour plus utiles