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Si les maçons de la rue Saint-Victor se sont constitués en république, ils ont eu soin de se donner des présidents de premier choix.

Quoique les travaux de construction soient de ceux où la main-d’œuvre a plus de prix que la matière première, la société ouvrière des maçons s’est bien gardée de rompre avec le capital. Elle s’est fait un capital social de 300 000 fr. ; la part de certains membres est de 2 000 fr. et même de 10 000, et comme les travailleurs associés ne pouvaient pas réaliser 300 000 fr. par voie de cotisation, ils n’ont pas hésité à s’annexer les capitaux bourgeois. Dans cette société prospère, « le capital a sa fonction à côté du travail, et il vient alors en partage avec la main-d’œuvre. » C’est M. Cohadon qui parle ; un patron ne dirait pas mieux. Dans le partage des bénéfices, « 60 pour 100 sont attribués au travail, et 40 pour 100 au capital. » N’est-ce pas une proportion parfaitement équitable ?

Les sociétaires ouvriers reçoivent un salaire fixe réglé sur la quantité et la qualité de leur travail ; ils ont ensuite une part dans les bénéfices, comme ils auraient à se partager les pertes en cas de malheur.

Cette société coopérative vous paraîtra d’autant moins révolutionnaire que vous l’étudierez de plus près. Elle sanctionne les droits du capital, elle ad-