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Un honorable et digne citoyen de Paris, qui ne connaissait ni le nom, ni l’œuvre de M. Schultze, a créé spontanément parmi nous la Société mère de crédit mutuel. Cet homme de bien s’appelle M. Engelmann, et son œuvre date de 1857. Les premiers associés versaient, dans le principe, une cotisation d’un franc par semaine ; en 1866, c’est-à-dire après neuf ans chacun d’eux possédait 543 fr. dans la caisse commune.

Les membres de la Société mère sont au nombre de quarante-huit, disséminés dans les divers quartiers de Paris ; ils se recrutent dans un grand nombre d’industries, car s’ils faisaient tous le même genre d’affaires la moindre crise aurait pu les tuer d’un seul coup. Cette poignée de braves gens, avec ses moyens limités, a pu prêter en huit années 252 223 fr. Le total de ses pertes dans ces huit ans s’est élevé à cent sous.

Voilà qui est admirable, et je regretterais sincèrement que cette Société mère n’eût pas fait de petits. Elle a donné naissance à soixante ou soixante-dix autres associations, dont chacune compte vingt-cinq à cinquante membres.

Il est permis d’espérer que le crédit mutuel ne s’arrêtera pas en si beau chemin, et que les associations de cette nature se multiplieront à Paris et en province. Mais le crédit mutuel est absolument