Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faut pas croire que ce rôle providentiel ne lui coûte rien. Elle prête les magasins, elle fait les transports gratis, elle délègue quelques-uns de ses employés au service de l’achat et de la vente, elle subit le déchet inévitable des marchandises, elle fait en somme une dépense considérable dont elle devrait se débiter elle-même si ces frais n’étaient pas compensés par le bien-être et l’attachement de 14 000 personnes.

La saline de Dieuze et beaucoup d’autres usines importantes fournissent à prix coûtant le pain de leurs ouvriers. A prix coûtant, c’est-à-dire au-dessous du prix coûtant, car on ne leur fait payer ni le combustible, ni l’entretien du matériel, ni le loyer des bâtiments, ni la main-d’œuvre.

Les Dollfus, les Kœchlin, les Goldenberg, les Monin Japy, ces grands manufacturiers d’Alsace, qui sont avant tout de grands hommes de bien, construisent des maisons ouvrières qu’ils vendent ensuite au prix coûtant. Tout cela est du patronage intelligent, libéral, humain : ce n’est pas de la coopération.

Une société coopérative de consommation serait celle qui achèterait par exemple dix mille hectolitres de vin dans l’Hérault, au prix de 10 francs l’hectolitre, pour les distribuer en détail à trois mille associés vivant à Paris, ou celle qui deman-