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couragements : un homme qui veut s’émanciper à ses risques et périls est plus homme que ceux qui se traînent dans l’ornière. Le procédé commun à toutes les, sociétés coopératives (c’est-à-dire l’association) est inspiré par les meilleurs sentiments de la nature humaine. Il faut donc souhaiter que l’expérience des trois modes de coopération se fasse sur une grande échelle et qu’elle ait tout le succès possible.

Mais le devoir des publicistes désintéressés de toute ambition personnelle est d’avertir les prolétaires, d’éclairer leur route et de les prémunir contre le danger des espérances démesurées.

Oui, les sociétés de consommation répondent à un besoin réel. Le pauvre a toujours tout payé plus cher que le riche, parce qu’il n’a jamais pu acheter les marchandises qu’au petit détail, de neuvième ou de dixième main. On estime qu’à Paris les objets de première nécessité vendus au prolétaire subissent une augmentation de 38 à 40 pour 100, c’est-à-dire qu’il paye environ sept francs ce qui en vaudrait cinq pour un riche. Cette plus-value est exorbitante et pourtant logique. L’ouvrier n’a ni le temps ni le moyen d’acheter les marchandises en gros ; il n’est pas logé de manière à conserver chez lui un approvisionnement de quelque importance ; il doit limiter ses achats quotidiens à sa