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ront le besoin de gagner davantage, ayant plus à payer. Ils réclament et obtiennent une augmentation de salaire, et voilà la hausse des chapeaux qui suit immédiatement la hausse des souliers. Les tailleurs seraient bien naïfs s’ils se laissaient écorcher sans écorcher aussi leur monde, et de fil en aiguille l’augmentation des salaires industriels élève le prix de tous les produits manufacturés.

Mais le paysan n’est pas plus sot que les gens de la ville. Lorsqu’il verra que ses vêtements, ses outils et toutes les marchandises qu’il consomme lui coûtent plus cher que par le passé, il ne livrera plus ni son blé, ni ses bœufs, ni sa laine, ni son vin, ni son chanvre aux prix du bon vieux temps. Dès que les citadins lui vendent leur main-d’œuvre deux fois plus cher, pourquoi donc abandonnerait-il la sienne à vil prix ? La réciprocité est une loi que personne n’ignore : « Je vends comme j’achète et j’exploite qui m’exploite. » La hausse des produits agricoles suivra de près la hausse des produits de fabrique.

Les serviteurs du public, c’est-à-dire les fonctionnaires, s’apercevront bientôt qu’ils sont dupes. « Je travaille autant que jamais, et je touche toujours le même traitement ; mais la somme que je perçois ne me permet plus de vivre aussi bien, parce que tous les travailleurs, excepté moi, ont