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le nivellement des richesses, si la toute-puissance d’un homme pouvait aller jusque-là. Mais convaincu que l’autorité n’a rien à faire entre le capital et le travail, ce gouvernement fort, et amoureux de sa force, s’est spontanément désarmé. Il se lie les mains devant le grand combat des intérêts économiques, pour que le capital et le travail règlent leurs comptes en liberté.

La liberté des coalitions était à peine proclamée que les ouvriers de Paris ont voulu tâter de la grève. Nouvelle expérience, que j’ai suivie avec une attention soutenue et un douloureux intérêt.

La grève part de ce principe que les capitaux industriels ont besoin de la main-d’œuvre, comme la main-d’œuvre a besoin d’eux. Les ouvriers s’entendent tous ensemble et viennent dire aux entrepreneurs : si vous n’augmentez pas nos salaires, nous nous croisons les bras, la production s’arrête, vos capitaux ne rapportent plus rien, votre crédit expire, votre clientèle vous quitte et vous êtes ruinés.

Voilà les patrons fort en peine. Au moment où la grève se déclare, ils ont des commandes à livrer, leurs produits sont vendus d’avance à date fixe, à prix fait, et ces prix sont réglés sur les anciens tarifs de la main-d’œuvre. En général, grâce à la concurrence, la marge n’est pas grande