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sez le prolétaire pour lui confier son bien sur une garantie morale, il le lui prêtera spontanément, sans intervention de l’État. S’il a de bonnes raisons, ou même de mauvaises, pour garder la libre disposition de son argent, l’Etat ne peut sans crime violer un droit absolu. Quant à l’intervention de l’autorité dans le tarif des salaires, elle vient de l’absurde et retourne à l’absurde. On ne peut pas contraindre l’homme à payer un service plus cher qu’il ne l’estime. Les entrepreneurs achètent la main-d’œuvre pour la revendre avec profit ; si vous les mettez dans le cas de la payer si cher qu’il faille la revendre à perte, ils ne l’achèteront plus. Donc abolir la loi de l’offre et de la demande serait aussi ingénieux que de rapporter la loi de la gravitation ou de décréter qu’à l’avenir deux et deux feront cinq.

Tous les efforts qu’on a tentés jusqu’ici pour organiser arbitrairement le travail n’ont servi qu’à effaroucher le capital, à ralentir la production, à réduire la consommation et à imposer un jeûne cruel aux prolétaires. Tiennent-ils l’expérience pour décisive ? On le dit, et je me plais à le croire.

Le second Empire leur doit beaucoup et il n’a rien ménagé pour conserver leurs sympathies. Depuis longtemps, croyez-le bien, il aurait entrepris